Perspectivia

Mon tres cher Frere

[… ]Je | m’occupe a me mettre au fait des Anthiquitez autant que ma Santé[,] de nouveau fort derangée[,] me le permet. Cette Etude est une passion qui entraine. Par malheur[,] elle exige beaucoup de Memoire ce qui ne m’accomode pas[,] la miene etant fort affoiblie. Je crois qu[’]il n[’]y a qu’une certaine quantité d’Jdée qui puisse subssister dans notre Cerveau a mesure qu’on en prend de nouvelles d’autres s’evanouïssent. Vous avez un privilege[ en cella][,] mon cher Frere[,] au dessus des autres hom[m]es car la votre ne tarit jamais[.] Je ne scaurois pensser sans etonement a La quantité de choses que vous contenez | dans votre Tête qu’on ne peut se figurer a moins d’avoir eu Le bonheur de vous conoitre. Ce n’est pas le seul sujet d’etonement que vous me donez tous les jours. Mais je crains de faire [voir ]rougir votre Modestie en etendant la matiere. Je suis avec tout le respect et la Tendresse imaginable[,]

Mon tres cher Frere[,]
Votre tres humble obeïssante Soeur et servante
Wilhelmine

KaiserH[ammer]: Le 16 d’Oct[obre] 1755