Perspectivia

à Potzdam ce 25 de Nov[embre]: 1747

Ma tres chere Soeur.
[… ]La table que Vous avéz la bonté de m´envoyér n´est point arivée. Je Vous en aurois surement fait mes remersimens,[.] Les Mauvais chemeins La retarderont Sans doute;[.] Chéz nous on resusite,[.] Voilà Mad[ame]: de Monbail qui revient d´une fievre Maligne par la force de son temperament Sans avoir pris de remedes,[.] Sa Virginité arivera toute Moisie au Paradis. Je Vous fais bien des remersiments de ce que Vous avéz eu la bonté de m’envoyér le plan d’Herculanum[.] je Vois bien que Notre Jmagination nous porte toujours au dela de la Verité, je m’etois figuré cette Ville bien plus grande et plus belle, et je Crois que les tablaux qu’on y à trouvé ne sont pas Grand Chose. nous Vivons toujours dans le passé ou dans l’avenir et nous n’avons jamais L’esprit de jouïr du present[.] Le Nom Des [Les ]Romains nous etourdit et Nous en Jmpose, nous nous persuadons que La race future Sera plus heureux que La presente[.] j’aime mieux Le bonsens naturel et bourgois qui croit que Monsieur Le Curé De Sa paroesse est plus eloquent que Ciceron[,] que Sa femme a plus d’atrais que la belle Helene, que Sa Vile est plus belle que paris, et que Les Legumes que lui aprete Sa | Cuisiniere ont un Gout plus fin que toute les friandisses recherchées De Martiales, et du Duc de Nevers.
Si Vous me trouvé trop Seryeux dans cette Lettre je conte d’etre plus Gai dans un autre, le peti Tomasin Va arivér et il montera tout Les esprits Sur le ton Comique
je suis avec bien de tendresse et d’estime[,]

Ma tres chere Soeur[,]
Votre tres fidelle frere et serviteur

Frederic