Ma tres chere Soeur.
J’ai eu le plaisir de resevoir deux de Vos cheres lettres, l’une du 17, et L’autre
du 20[,] dattées d’avignon, je suis charmé de Vous savoir jouisant d’une santé au moins pasable,
et j’espere que[,] lorsque vous auréz gannée [gagnée ]la provence que Vous ne seréz plus ausi fort incomodée par les Vens de bize, Vous
avéz trop de bonté de pensér a mes petits amusemens[,] au sujet des deux Cabinets que l[’]on Veut Vendre, quand a L’un[,] de monpeillér[,] qui ne Contient que des Magots de la chine[,] il est Curieux[,] mais j’avoue qu[’]il ne me tente pas, quand a Celui de M[on]s[ieur]: de Crillon, il n’a pas une grande Celebrité a paris[,] et en Achetant tout en Masse[,] on resoit[,] pour L’ordinaire[,] plus de mediocre que de bon, Sans Comptér La depense qui est asséz Considerable:
Je ne m’etonne pas que vous n’ayéz trouvé Le Duc de Richelieu fort changé, il a travaillé
toute Sa Vie a Vieillir Vite, cependant cet hom[m]e doit avoir L’air d’un segneur et la politesse d’un vieu Courtissan. il faut que
les dames d’avignon Soyent fort Superficielles[,] si elles ne Considerent en Vous que L’ajustement, cela sent bien La province[,] et je Vous avoûe que Cela ne previent pas en Leur faveur[.] j’espere toujours que Vous trouveréz plus d’agremens a mon peillér, ou que[,] si ce Sejour ne Vous Convient pas que Vous Vous fixseréz a Aix ou a Marseille, | endroits plus agréables pour le Climat, a aix pour la Sosieté[,] et a Marseille pour La Solitude. […]
adieu[,] ma charmante soeur[,] je fais mille voeux pour Votre Contentement[,] pour Votre reconvalaissance et pour tout Ce qui peut Contribuér a Vous rendre la
vie douce et agréable en Vous pryent de me croire Une estime remplie de la plus vive
tendresse[,]