Ma tres chere Soeur.
Ce jour est bien heureux puis qu[’]il me procure deux de Vos cheres Lettres[;] La [du ]premiere m’anonce votre arivée a Lion et Les incomoditéz que Vous y avéz essuyées,
            le cegonde [seconde ]me rasure Sur l’etat de votre Santé, Vous avéz eté chéz Les Jesuites[;] c’est un Signe Certein que Votre santé est remise; j’ai bien Crû que vous trouveriéz
            tout plain d’antiquitéz dans cette partie meridionale de la france, Les Romains y
            ont plus sejournéz que du Coté de paris, qui etoit alors barbare, vous me faites tremblér[,] Ma chere Soeur[;] trante [trente ]volumes Jn folio de l’histoire de la chine, mon dieu[!] qui poura savoir tout cela, je crains fort que Ces bons peres Misionaires ne Composent
            tout a leur aise un Romant historique, ou du moins qu[’]ils nous debitent des fables chinoisses ausi absurdes que celes des Egiptiens et des
            hebreux. j’ai pris mon parti d’avanse[;] il me semble que c’en est bien asséz de nos Metamorfoses Sacrées et que tout ce que
            les Chinois pouront inventér ne sera pas plus ridicule. vous me faites trop d’honneur
            de Vous resouvenir quelquefois de moy dans le beau païs ou Vous etes, et si les français
            veulent bien augurér de moy[,] c’est que peutetres ils me marquent quelque reconoisance du retour du Prince Charles
            de L[’]allesace. daignéz[,] ma chere soeur[,] ne point oublyér un frere qui fait Consistér le bonheur de sa vie dans Votre amitié
            et qui ne se croira parfaitement heureux que lors qu[’]il poura Vous ambrassèr et vous assurér de Vive Voye de la parfaite tendrésse avec
            laquele il est a jamais[,]